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lundi 2 juin 2008

Réflexion sur l'éducation



Tout à l’heure, Clémence regardait son DVD de Cendrillon (le week-end est le moment où elle peut regarder des DVDs). Le film était peu avancé et je la préviens que je vais préparer le repas et qu’elle devra donc interrompre le film avant la fin.
Lorsque je reviens et lui demande de venir, évidemment, elle n’en a pas envie. Nous sommes au milieu d’une scène palpitante où deux souris essayent d’échapper au chat. “Très bien, ai-je dit à Clémence. Je te laisse arrêter le film quand tu le veux. Mais je te préviens: si d’ici 5 minutes tu n’es pas à la cuisine, je reviens et j’arrête le filme là où il est.” J’ai ensuite rappelé qu’elle pourrait évidemment regarder la suite après le repas et je suis partie à la cuisine.
Deux minutes plus tard, Clémence débarquait avec le sourire à la cuisine. Il n’y avait eu ni cris, ni larmes et tout le monde était content.



Si j’ai choisi de raconter ce petit épisode, c’est qu’à mon avis, il illustre bien le genre de relations que Maria Montessori souhaite que l’adulte instaure avec l’enfant. 
Il n’est évidemment pas question de laisser l’enfant décider de tout. Il y a des règles, en nombre limité, et on doit s’y tenir.
Mais là où, en son temps surtout, Maria Montessori innovait vraiment, c’est dans la manière d’être avec l’enfant. Pour ce qui est du fonctionnement intellectuel, elle insiste lourdement sur le fait que l’enfant n’est pas un adulte en miniature, mais pour autant, pour ce qui est de la discipline, il n’est pas aux ordres de l’adulte. Il a droit au respect et à la dignité.

Imaginons un instant que vous soyez tranquillement installés dans votre salon en train de regarder une émission passionnante ou de lire un bon livre. Soudain, votre conjoint entre et éteint la télé ou vous enlève votre livre des mains “parce que le repas est prêt”. Ne vous sentiriez-vous pas plein de colère contre cet abus d’autorité? Pourtant, c’est bien ainsi que, trop souvent, nous agissons avec nos enfants. Parce que nous considérons qu’ils doivent nous suivre, nous obéir sans discuter et que nous ne prenons pas en compte leurs besoins, leur sensibilité.
Lorsque nous appelons un adulte à table, nous comprenons parfaitement qu’il termine rapidement ce qu’il était en train de faire et ne vienne pas immédiatement. De la part de l’enfant, nous avons tendance à penser que son activité n’a pas d’importance, qu’elle peut s’interrompre à tout moment. Or, l’activité de l’enfant est aussi sérieuse que celle de l’adulte, sinon plus.

D’autre part, en exigeant de lui une obéissance immédiate, quelle possibilité lui donnons nous d’exercer sa faculté de prendre une véritable décision? Dans l’exemple que je prends, après avoir rappelé la règle à Clémence, je l’ai laissée seule au salon. Elle avait le choix: ou bien elle allait au bout de la scène palpitante puis prenait la décision d’arrêter, ou bien elle décidait de ne rien faire et d’attendre que l’arrêt-sanction tombe, avec la frustration que cela engendrerait.
Clémence a décidé d’agir en petite fille responsable. Elle a choisi le moment. Elle a su prendre la décision et  j’ai bien vu quand elle m’a rejoint qu’elle était fière d’avoir eu la volonté d’arrêter elle-même son film. Elle se sentait “grande” d’avoir pu le faire.

Dans un de ses livres (l’Enfant, si mes souvenirs sont bons), Maria Montessori prend un autre exemple pour illustrer combien nous manquons d’égards pour nos enfants. Elle nous demande d’imaginer un petit enfant qui casse son verre. Que de reproches ne lui faisons-nous pas? Imaginons maintenant que l’un de nos invités casse un verre. Allons-nous lui faire la leçon? Nous allons nous empresser de lui dire que cela n’est rien, que cela arrive... Pourtant, cet invité est un adulte, censé avoir acquis la maîtrise de ses gestes alors que l’enfant, lui, est d’autant plus excusable qu’il est en plein apprentissage...

Depuis l’époque de Maria Montessori, de nombreux auteurs viennent nous aider à mettre en pratique l’éducation respectueuse: Thomas Gordon, Alice Miller, Catherine Dumonteil-Kremer, Isabelle Filliozat, pour n’en citer que quelques-uns. Mais il n’est pas toujours facile de changer les vieilles habitudes...

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